SNCF en bonne voie pour la 5G industrielle en France
4 min readFort du succès de sa première plateforme de test 5G, créée il y a deux ans, l’opérateur ferroviaire français SNCF a conclu un consortium avec Orange, Nokia et l’Institut Mines-Telecom (IMT) pour accompagner la modernisation de ses entités industrielles et accélérer sa transition vers un réseau sans fil à très haut débit.
Les tests seront étendus aux activités industrielles pour ouvrir la voie à ce que la SNCF a qualifié d’innovations « potentiellement décisives » dans le domaine. En particulier, le partenariat testera des cas d’utilisation de la 5G dans la bande 26 GHz, un spectre bien adapté aux déploiements localisés supplémentaires nécessaires dans des zones nécessitant une très grande capacité, comme des sites industriels ou des emplacements très fréquentés.
Les tests s’appuieront sur un « 5G Living Lab » dédié aux pratiques industrielles implantées dans des installations proches de la gare de Rennes. L’un d’entre eux, sur un site de 22 hectares, est le Technicentre Industriel de Rennes, spécialisé dans la maintenance des systèmes de freinage de l’ensemble du matériel roulant en France. L’autre est le Technicentre de Maintenance Bretagne, qui entretient, nettoie et répare l’ensemble des trains régionaux de l’entreprise.
Dans le cadre de ce partenariat ambitieux, Orange fournira les services de réseaux télécoms et Nokia sera en charge des technologies de connectivité, y compris les solutions de réseau privé. L’Institut Mines-Telecom s’intéressera aux notions de confiance et de souveraineté appliquées aux télécommunications et plus particulièrement à la question de l’hébergement des données en périphérie du réseau (edge computing). Les chercheurs de l’IMT (Télécom Paris) travailleront également sur les impacts sociaux à travers des recherches pluridisciplinaires : économique, juridique, management et design. L’objectif est de répondre aux attentes du grand public et de favoriser une réelle inclusion numérique avec la mise en place d’une charte de confiance.
SNCF a commencé à travailler avec Orange et Nokia en 2019 dans le cadre d’un appel à plateformes innovantes par Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse écrite (Arcep). L’objectif était de tester de nouvelles fréquences 5G dans la région mmWave, gamme de fréquences 26GHz, qui offrent des débits similaires aux réseaux fibre, et regardent l’émergence de nouveaux cas d’usages tant pour le grand public que pour les entreprises, en particulier ceux qui prennent en charge Industrie 4.0.
Les deux technicentres proposeront des cas d’usage industriels, répondant à des besoins spécifiques déjà identifiés selon la SNCF. Ceux-ci incluent des vitesses très élevées pour télécharger les données opérationnelles ; connectivité en temps réel pour le contrôle des processus et le contrôle à distance de la logistique ; l’utilisation de caméras mobiles pour surveiller le mouvement des équipements ; et l’analyse vidéo en temps réel pour améliorer l’efficacité opérationnelle, comme la détection de graffitis ou de trappes qui ont été laissées ouvertes après la maintenance.
Christophe Fanichet, SNCF
Sur une période de 18 mois, SNCF, Orange et Nokia ont testé différents services et cas d’usage répondant simultanément aux besoins des voyageurs, en proposant des téléchargements instantanés de médias comme des films, des séries et des documentaires avec Fastpoint ; professionnels, y compris vidéo conférence sur un ordinateur Lenovo 5G ; des techniciens de maintenance, d’assistance immersive avec des lunettes connectées par la société rennaise AMA ; et les journalistes, tels que le tournage et la diffusion de vidéos 4K en direct à l’aide d’appareils Sony.
Labellisé pour la plateforme 5G Living Lab de la gare de Rennes par le comité stratégique français Infrastructures numériques, la direction générale des entreprises (CSF), le consortium a déposé une demande de financement dans le cadre du plan de relance Covid de l’Etat français. En ouvrant leur plateforme de test à des tiers, comme demandé par l’Arcep, les trois sociétés ont pu travailler avec d’autres partenaires, dont Qualcomm Technologies, Sony, Lenovo et des PME telles que Fastpoint et AMA.
« La SNCF a toujours été un pôle d’innovation, tant en termes de services pour nos clients que d’excellence industrielle, et l’initiative 5G Living Labs reflète cet objectif », a déclaré Christophe Fanichet, directeur du numérique de la Groupe SNCF et PDG de Voyageurs SNCF. « Étendre ces tests à nos activités industrielles est stratégique car il ouvre la voie à des innovations potentiellement décisives et nous donne une longueur d’avance, notamment en termes de fiabilité et de compétitivité de notre maintenance.
Francis Jutand, directeur exécutif adjoint de l’IMT, a déclaré que la maîtrise de la 5G était un aspect essentiel de la souveraineté des réseaux de communication et de la diffusion du numérique dans tous les secteurs – industrie, réseaux et services.
« Le projet avec la SNCF et ses partenaires nous offre une opportunité unique de tester le potentiel d’innovation de la 5G dans les applications professionnelles et grand public, développer de nouveaux usages et offrir une meilleure expérience voyageur. Nous sommes fiers d’être impliqués dans de tels projets disruptifs avec SNCF pour accélérer le déploiement d’applications 5G à haute valeur d’usage.